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Channel: C'est Entendu » light ambient
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[Réveille-Matin] Grouper – Alien Observer / Dragging the streets

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On a pris l'habitude, depuis quelques mois que la dream-pop a adopté une esthétique marquée par l'ambient, de séparer le clair de l'obscur, les ténèbres du lumineux, en deux catégories disjointes : dark-ambient et ce que j'ai fini par appeler pour clarifier la situation light-ambient. Cette scission est avant tout une affaire de simplification pratique de la sémantique mais elle est aussi révélatrice de notre besoin de diviser même la plus simple cellule et si possible suivant un manichéisme zoroastrien. Car la dream-pop en question, ou ambient-pop si vous préférez, ne repose pas sur de complexes assises et son existence-même ne dépend que de son esthétique. Pas de structures symboliques, pas de propos affirmé, seule l'ambiance dégagée compte et c'est sans doute pourquoi l'on est si prompts à apposer une couleur à cette robe.
(Elizabeth Harris)

Justement, Liz Harris, alias Grouper, une jeune femme de Portland dont le "Dragging a dead deer up a hill" (2008) avait déjà connu un sacré succès d'estime (et auprès d'un public restreint amateur de ballades enveloppées dans un voile de sons mystérieux), a publié cette année un magnum opus encore plus ambitieux. Intitulé "A I A", ce double-album entérine la théorie séparatiste de l'ambient-pop tout en rapprochant les deux extrêmes plus qu'elles ne l'avaient jamais été. En effet, le premier disque ("Dream Loss") est à proprement parler du dark-ambient. Une sorte de brume dronée entoure les errements fantomatiques et incertains de la voix de l'artiste, tandis que des notes éparses, sombres comblent tout l'espace. Sur certains morceaux, la brume devient orage statique et le bruit s'empare du décor.


(Dragging the streets)

A ceci près que la voix de Liz Harris entonne ses inquiétantes suppliques, on baigne dans une atmosphère que ne renieraient pas Deaf Center, Demdike Stare, ou Witxes...

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... et cependant, sur le second disque, "Alien Observer", Harris reprend l'esthétique et les pseudo-codes du light-ambient tels qu'ils furent portés le plus souvent par des femmes, comme Julianna Barwick, Sea Oleena, voire Maria Minerva, si l'on tire un peu sur la corde.


(Alien Observer)

De fait, le temps de nous conter la perte de son rêve, Elizabeth adopte la "posture" mélancolique de ces artistes qui semblent avoir trouvé dans des sons lointains, moelleux, engourdis et hypnagogiques une façon nouvelle d'exprimer leur peine. En d'autres temps, d'autres femmes le faisaient différemment, mais loin de la folk émotive de Cat Power, par exemple, ce qu'exprime le light-ambient n'est pas qu'une plainte, c'est une sorte d'ode désabusée et un peu lasse qui passe par des notes de guitare claires enfouies sous des couches de réverbération et par une voix démultipliée, vers un infini romantique, un baume léger pour les cœurs lourds.

Joe Gonzalez


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